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Comment mobiliser l’électorat ? Un ancien de la campagne d’Obama partage ses tuyaux
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octobre 4, 2015

« Motiver les électeurs à voter est nécessaire, mais ce ne doit pas être une fin en soi », souligne Lex Paulson, ex-militant coordinateur pour la campagne de Barack Obama en 2008, aujourd’hui professeur de théorie du plaidoyer à Sciences Po Paris. Pour mobiliser l’électorat et remporter le scrutin, un candidat doit « établir un dialogue avec les gens ».

Les élections présidentielles approchent au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Guinée, et elles soulèvent avec elles des problèmes récurrents : le désenchantement des électeurs et le risque de violences post-scrutin.

Lors d’une discussion en direct avec des jeunes issus de ces trois pays, Lex Paulson a partagé des outils concrets pour mobiliser la population et améliorer la démocratie.

« L’acte de voter n’est pas seulement de choisir un leader. C’est un droit fondamental. »

Voter est un principe démocratique qui nous rappelle que le gouvernement nous appartient, pas l’inverse, explique Lex Paulson. « Il faut dire aux gens que seuls ceux qui ont voté auront un poids électoral – c’est-à-dire qu’ils pourront ensuite demander à leur candidat de rendre des comptes et de tenir ses promesses. »

Comment mobiliser les électeurs avec un petit budget ? Paulson suggère d’avoir une stratégie bien ciblée :
– identifier des électeurs potentiels, aller à leur rencontre avec un message très clair, qui fasse le lien entre le candidat et des problèmes concrets rencontrés par les habitants au quotidien ;
– mobiliser les nouveaux électeurs (les jeunes, les personnes marginalisées…etc.) ;
– cibler les événements et les lieux de rassemblement (marchés, parcs, mariages…etc.).

Construire et animer un réseau

Mais pour Paulson, il n’y a rien de tel qu’un électeur motivé qui, à son tour, va mobiliser d’autres électeurs.

Pour cela, l’équipe de campagne du candidat doit établir un dialogue. « Il ne s’agit pas seulement d’organiser un concert où les gens vont s’amuser, explique-t-il. Il faut leur demander de donner leurs coordonnées pour pouvoir ensuite les contacter, communiquer avec eux et leur permettre d’exprimer leurs idées. »

Exploiter les ressources gratuites à votre disposition

Paulson recommande d’utiliser les réseaux sociaux et de créer un site web : « Vous devez communiquer régulièrement pour entretenir le dialogue, et ponctuer chaque message avec un appel à l’action. Tous vos messages doivent compléter et renforcer vos activités sur le terrain. »

Il encourage également les militants à se servir des moyens les plus répandus en Afrique, tels que les SMS, la radio, et bien sûr, la rencontre en personne avec les gens.

« Vous êtes les ambassadeurs de paix. »

Les périodes électorales sont chargées d’émotions, et les résultats peuvent provoquer la colère. La violence, même, parfois. « C’est à vous de montrer l’exemple, insiste Lex Paulson. Rappelez aux gens que l’élection n’est pas la fin. Elle sera suivie par une autre élection. Entre chaque élection, vous pouvez agir. »

Pour anticiper ce genre de problèmes, « nous nous rendons dans les zones où il y a eu des violences dans le passé et nous discutons avec la population », explique un participant de Côte d’Ivoire. « Nous organisons un grand carnaval où tout le monde va porter un t-shirt blanc et où les responsables des partis politiques vont être présents, continue un participant de Guinée. Et nous diffusons des spots à la radio, lus par des enfants, sur l’importance pour chacun d’avoir une élection pacifique. »

3 questions et réponses :

Comment les acteurs de la société civile peuvent-il favoriser la participation des femmes aux élections ?

« La question des femmes ne doit pas être séparée de tous les autres enjeux politiques », répond Lex Paulson. Les leaders de la société civile doivent chercher comment les enjeux tels l’emploi, l’éducation, la santé ou la sécurité touchent les femmes, de manière à pour pouvoir argumenter précisément lors des discussions avec d’autres associations. « Et chaque association, quelle que soit sa problématique, doit avoir un espace dédié au recrutement des femmes », recommande-t-il.

Comment inclure les personnes handicapées du début jusqu’à la fin des élections ?

Il faut commencer par faire une évaluation des barrières, physiques ou juridiques, qui empêchent les personnes handicapées de participer au processus démocratique, puis proposer des réformes. « Avoir des demandes concrètes va vous aider à susciter l’intérêt des candidats et des partis politiques, assure Lex Paulson. « Et n’attendez pas qu’on vous invite pour prendre part aux débats qui ont lieu pendant les élections. Les personnes handicapées doivent commencer par faire valoir leurs droits elles-mêmes. »

Comment lutter contre la fraude électorale ?

Les membres de la société civile doivent être solidaires et agir en partenariat avec les ONG qui se préoccupent des questions de transparence, telles que le NDI, le Carter Center ou l’IRI. Et surtout, il faut prendre des notes. « Il ne suffit pas de dire qu’il y a eu des fraudes ou que l’élection a été mal gérée, prévient Lex Paulson. Il faut penser comme un avocat et rassembler les données et les témoignages. »

Que pouvez-vous faire?

Les gens autour de vous savent-ils à quel point il est important de voter? Quelles initiatives concrètes allez-vous entreprendre pour encourager les gens à voter dans votre quartier? Partagez sur Facebook: