Adrienne Lever avait vraiment peu d’expérience quand elle a rejoint la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008. « J’ai terminé mes études à Berkeley, je suis montée dans ma voiture et je suis allée frapper à la porte de son bureau de campagne », explique la jeune femme, alors âgée de 23 ans. « J’ai fait du bénévolat jusqu’à ce qu’ils m’embauchent. » Forte des connaissances qu’elle a acquises, elle a fini par être promue directrice régionale des programmes de terrain dans sept États.
Désormais, elle met son expérience au service des militants et dirigeants locaux du monde entier qui cherchent à faire bouger les choses.
Récemment, elle est allée au Niger pour rencontrer des groupes de femmes et de jeunes gens à Niamey, Dosso et Tillabéry. Son but : parler de l’engagement civique avant, pendant et après les élections. Elle a également donné une conférence à l’université de Niamey pour partager les enseignements qu’elle a tirés de la campagne présidentielle de Barack Obama en 2008.
« La force de la mobilisation populaire, a-t-elle expliqué, tient à l’esprit de bénévolat, au fait d’interpeller les gens sur les questions qui leur tiennent à cœur et de parler aux jeunes de sujets qui vont toucher leur vie. »

Dans beaucoup de pays africains qu’elle a visités, « le sentiment vraiment frustrant que les jeunes n’ont pas voix au chapitre parce que personne ne va les élire » est largement répandu. Ce qu’elle a appris en participant aux campagnes électorales aux États-Unis, c’est que « personne ne s’implique dans une campagne ou une activité quelconque en politique en se disant que c’est une façon de se retrouver membre du Congrès. Les gens s’impliquent parce qu’ils croient en une cause, parce qu’ils veulent changer quelque chose dans le monde ou leur communauté. C’est à cet esprit de participation que font appel les campagnes aux États-Unis pour interpeller les jeunes, en leur montrant qu’il y a un impact pour eux, qu’il ne s’agit pas seulement de ce qui se passe à la Maison Blanche. »
L’une des recommandations qu’elle a faites à ses auditeurs au Niger, c’est d’appliquer le modèle d’organisation dit « en flocon de neige » pour maximiser l’efficacité de leurs réseaux. On doit ce modèle à Marshall Ganz, ex-syndicaliste devenu professeur à Harvard. Il consiste à remplacer l’unique leader d’un réseau par plusieurs leaders interconnectés, chacun étant responsable d’un élément spécifique de la campagne. Dans ce modèle, le leadership n’est pas un poste, mais une pratique, précise Marshall Ganz.
Dans l’exemple ci-dessous, les personnages en bleu foncé représentent les organisateurs au niveau régional qui ont chacun des interactions avec deux personnages verts (les coordinateurs au niveau de la communauté), qui ont eux-mêmes des interactions avec cinq membres de la communauté (en bleu clair).

« Les gens – pas seulement dans le cadre d’une campagne électorale – réussissent à mobiliser beaucoup de monde en communiquant avec une personne à la fois. En faisant appel aux sentiments et à la raison de chacun, on arrive à construire une base de pouvoir exponentielle, et c’est comme ça qu’on parvient à changer un environnement et, en fin de compte, tout un monde », souligne Adrienne Lever.