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YALI Voices: L’African Women Entrepreneurship Program favorise l’essor de l’entrepreneuriat féminin au Rwanda
8 MINUTE READ
mars 26, 2018

Écrit par: Solange Murekezi

Avant 2010, une jeune Rwandaise ou toute autre Africaine qui terminait ses études secondaires allait enseigner dans l’école du village d’où elle était originaire. Celle qui parvenait à terminer ses études universitaires ne pensait qu’à postuler dans l’administration publique ou dans le secteur privé.

Solange Murekezi teaching girls computer skillsLa volonté politique de renforcement des compétences de la femme rwandaise portée haut par le leadership du président rwandais Paul KAGAME, a opté pour le changement radical de mentalité de la femme rwandaise vis-à-vis de l’entrepreneuriat. Et c’est dans ce cadre que la section au Rwanda de l’African Women Entrepreneurship Program (AWEP) vise à mener toutes les actions capables de promouvoir l’entrepreneuriat des femmes et de maintenir la place de la femme entrepreneure dans l’économie mondiale. L’AWEP, une initiative de Madame Hillary Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’État, vient refaçonner la femme rwandaise et africaine dans ses aspirations pour le monde des affaires.

Bien plus, la femme rwandaise et africaine en général, doit voir sa capacité de créativité et d’esprit d’initiative renforcée.

L’AWEP-Rwanda apporte ainsi sa contribution pour opérer les changements dans l’univers mental de la femme rwandaise qui, ces derniers temps, n’étudie plus pour chercher du travail. Non au contraire ! Elle pense en créer pour d’autres.

Il est intéressant de voir comment la jeune fille rwandaise qui termine ses universités entre dans la vie civile déterminée dans le choix d’un secteur économique où elle va s’investir.

En tant que femme entrepreneure, et en me basant sur les recherches effectuées par différentes institutions, je peux dire qu’il a été prouvé que les femmes qui se lancent dans le monde des affaires en tant qu’entrepreneures, contribuent directement à l’essor économique de leur pays.

Ceci me porte à croire que nous, de l’AWEP, devons pousser les jeunes par un questionnement qui réveille en eux des forces cachées.

« Dois-je postuler pour un emploi ou vais-je le créer moi-même et engager d’autres pour mon propre compte ? Comment, avec tout mon bagage de savoir-faire et de recherche, dois-je me comporter par rapport au travail et aux nombreuses opportunités d’investissement ? »

Tout ce questionnement intériorisé doit aller droit à l’esprit de la jeune fille fraîchement sortie de l’université, puisqu’elle a moins de charges familiales n’étant pas encore mariée et qu’elle est assez instruite pour créer des activités économiques de façon professionnelle et rationnelle.
L’AWEP-Rwanda a fait sien les propos du jeune richissime chinois Jack Ma avec l’adage du singe qui choisit une banane au lieu de l’argent avec lequel il pourrait en acheter plusieurs.

« En réalité, si vous offrez des emplois et des affaires aux gens, ils choisiront l’emploi ! Parce que la plupart des gens ne savent pas que les affaires peuvent apporter plus d’argent que les salaires », a-t-il dit, ajoutant que « l’une des raisons pour lesquelles les pauvres sont pauvres, c’est qu’ils ne sont pas formés pour reconnaître les opportunités entrepreneuriales. Ils passent trop de temps à l’école pour y apprendre à devenir salariés au lieu de travailler pour eux. »

En d’autres termes, l’école actuelle n’enseigne pas le principe de l’intelligence financière selon lequel « les profits valent mieux que les salaires, car les salaires peuvent vous faire vivre mais les profits peuvent vous rapporter une fortune ».

Aux jeunes filles rwandaises (nous en avons formé 120 à ce jour), nous apprenons comment gagner de l’argent. Il s’agit de briser le moule qui offre à l’élève des modèles à suivre au lieu de lui demander de faire un effort de créativité de modèle en soi. Nous leur apprenons comment utiliser des méthodes différentes, ou simplement comment innover à l’école.

Nous explorons ensemble tous les avantages qu’ont ces jeunes filles qui se lancent dans le monde des affaires : pas de carrière à laquelle renoncer, pas de famille à nourrir ni de dettes à payer pour ces fraîches lauréates des universités que nous armons de courage et de détermination à réussir dans les affaires.

Solange Murekezi teaching girls computer skillsLe gros avantage d’avoir des années devant soi, c’est de pouvoir prendre des décisions à long terme. Contrairement aux personnes qui se lancent plus tard dans leur vie, les jeunes ont moins de contraintes de temps et peuvent se permettre de privilégier la valeur finale. Entreprendre demande un gros investissement de temps et d’énergie, deux ressources propres aux étudiants. Ces deux ingrédients déterminent le niveau d’endurance dont elles doivent faire preuve pendant la création d’une startup.

« Les meilleurs entrepreneurs sont d’éternels étudiants. Alors restez-le ! », aimons-nous dire à nos jeunes filles en leur montrant que la vie est une interminable école.

Une large fourchette de services est offerte à ces jeunes filles dans le cadre du renforcement de leurs capacités ou, mieux, du réveil de leurs potentialités.

Au Rwanda, ces jeunes filles sont encadrées. Nous citerons certaines des plates-formes à leur disposition, comme les lieux dits American Corner à Mudende et l’Université de tourisme de Gisenyi. Dans ces lieux, avec l’appui de l’ambassade des États-Unis, ces futures entrepreneures explorent toutes les opportunités d’investissement et de financement avec libre accès à l’outil informatique.

En tant que vice-présidente d’AWEP Rwanda, le renforcement des compétences de ces jeunes filles est pour moi une sorte de hobby. Outre que j’ai mon propre business, Aux Délices Honey Ltd, notre démarche avec mes cinq collègues réunies dans AWEP-Rwanda me donne de fermes espoirs que nous sommes des artisanes de changements profonds de mentalité chez les diplômées rwandaises des universités. Déjà, 120 d’entre elles ont été formées depuis 2014 et ont bénéficié de l’accès à l’information nécessaire pour développer leurs business avec une certitude d’engranger des profits confortables à la longue. Combien de modélistes, de fashion designers… avons-nous aidées avec notre mentorat ? Leurs débuts ont des allures de pas de géant.

Mais outre ces jeunes lettrées, notre mentorat va aussi aux femmes affichant des profils intellectuels modestes et qui veulent développer leurs talents. Nous leur montrons l’importance de l’outil informatique. Une fois cet outil maîtrisé, ces femmes entrepreneures explorent le monde de la finance et des marchés d’écoulement de leurs produits. Elles sont dans l’agroalimentaire comme dans l’exportation de fruits, de légumes et de fleurs. Notre encadrement a fait qu’elles sont devenues « IT literate », ce qui leur a ouvert grand les portes du succès.

The views and opinions expressed here belong to the author and do not necessarily reflect those of the YALI Network or the U.S. government. YALI Voices is a series of podcasts, videos and blogs contributed by members of the YALI Network.