Il est important de s’engager pour une cause. C’est ce que pense Michel Okan. Et selon lui, plus on le fait tôt, plus on en comprend la valeur. Sa cause à lui, ce sont ses activités avec les jeunes dans le cadre de son travail : il s’efforce de leur donner accès à l’éducation, à des ressources et à des projets axés sur la stabilité de la société et la réduction du risque de leur implication dans des actes violents.
Une bonne cause peut solliciter de notre part un engagement à vie. « C’est comme si on ne peut que faire que ça. Je peux dire que c’est ce que je suis en train de faire, ce que je suis en train de devenir », explique-t-il à Caroline Groussain, du département d’État, dans un podcast « YALI Voices » en français.
Michel Okan, qui est béninois, a participé à la Mandela Washington Fellowship en 2015. Le programme permet d’améliorer les compétences en leadership déjà acquises ou d’en fournir à ceux qui en ont besoin. Mais il « n’est pas une fin en soi », estime-t-il. Il est important de se remettre en question pour s’améliorer continuellement et pour prendre davantage de responsabilités.

Pour lui, dans la pratique, cela signifie « travailler avec les jeunes de façon à ce qu’ils aient un état d’esprit d’indépendance, d’indépendance de penser, de faire et d’agir, mais pour la bonne cause ».
En septembre 2016, Michel Okan est intervenu au Global Youth Economic Opportunities Summit*, le sommet mondial sur les opportunités économiques pour les jeunes. Il y a discuté de la situation des jeunes qui vivent dans des zones de conflit et de l’importance d’anticiper les facteurs qui les mènent à l’extrémisme violent.
« La violence n’est que le résultat des frustrations, ce n’est que le résultat de ce qui est mal fait quelque part, par certains, par quelqu’un », souligne-t-il dans le podcast.
Même si les gens ne savent pas comment la violence commence, il est possible de savoir comment l’éviter, affirme-t-il. Pour cela, il faut travailler avec les outils déjà disponibles, tels la constitution et le processus démocratique.
« Ce n’est pas une responsabilité uniquement des hommes publics ; c’est une responsabilité de tout le monde, et ça part de l’éducation », insiste-t-il.
Pour en savoir plus sur Michel Okan, écoutez le podcast complet, en français.
Si vous n’avez pas accès à SoundCloud, iTunes ou Google Play, retrouvez la transcription du podcast ci-dessous :
UNITED STATES DEPARTMENT OF STATE
BUREAU OF INTERNATIONAL INFORMATION PROGRAMS (IIP)
“YALI Voices Podcast:
Michel Okan”
Transcript
Bienvenue à vous, chers jeunes leaders africains ! Vous écoutez le podcast YALI Voices, les voix de YALI. Ici, on partage avec vous certains des meilleurs témoignages de l’Initiative pour les jeunes leaders africains. Je m’appelle Caroline Groussain et je suis contente que vous soyez à l’écoute aujourd’hui. Avant de commencer, n’oubliez pas de vous abonner aux podcasts sur iTunes et Google Play, et rendez-vous sur yali.lab.dev.getusinfo.com pour vous tenir au courant de l’actualité de YALI.
Aujourd’hui j’ai discuté avec Michel Okan. Michel est un ancien participant au programme Mandela Washington Fellowship. Il a 36 ans, il est diplômé d’économie et il est né et a grandi au Bénin. Mais c’est ailleurs, et sur une toute autre voie, que la vie l’a mené. Michel vit aujourd’hui au Mali, où il travaille pour la paix. Plus qu’un travail, la paix est devenue sa vie. Et c’est vraiment ce qui se dégage de lui quand on lui parle. La paix, le calme, l’humilité, mais aussi un esprit on ne peut plus déterminé. Comment les jeunes peuvent-ils apporter des solutions pacifiques aux problèmes rencontrés dans la société ? C’est une des questions sur lesquelles il travaille.
Mais revenons à l’interview de Michel…
CG : Michel, on est bien contents de vous recevoir ici aujourd’hui.
MO : Merci beaucoup.
CG : Donc vous êtes arrivé hier soir à Washington. Vous êtes ce matin ici avec nous pour ce podcast. Vous allez ensuite enchaîner avec le Sommet mondial sur les opportunités économiques pour les jeunes, le Global Youth Economic Opportunity Summit. Vous avez un emploi du temps de ministre ! C’est quoi ce sommet ?
MO : Ce sommet parle des opportunités économiques des jeunes à travers le monde et les griefs qu’ils ont, et quel apport de solutions, qu’est-ce qu’on connaît des jeunes, qu’est-ce qu’on ne connaît pas d’eux, et comment apporter ces solutions à certains de leurs problèmes pour la paix et le développement durable.
CG : C’est quelque chose sur lequel vous travaillez ?
MO : Oui, c’est quelque chose sur laquelle je travaille tous les jours. Je travaille au sein des Nations unies comme chargé de programme qui s’occupe des projets à impact rapide. Et c’est des petits projets qui sont mis en œuvre au profit des populations les plus affectées par le conflit. Moi, en tant que jeune ayant la chance de gérer ce programme au Mali pour les Nations unies, particulièrement dans le nord, je me vois dans la responsabilité de faire plus attention à la jeunesse en matière de paix et de développement.
CG : Comment vous êtes-vous retrouvé à faire ce que vous faites aujourd’hui ?
MO : Je n’avais pas imaginé dans mes activités en tant que travailleur pour les communautés impacter directement les communautés parce que je suis plus intéressé par les activités qui impactent directement les communautés, la population…
CG : En fait, vous avez fait des études d’économie, c’est ça ?
MO : Oui, oui. Donc je suis plus intéressé par ce genre de projets. C’est à dire, je vois les choses réalisées de la sorte que la population est bénéficiaire directement sur ça que des impacts indirects, c’est à dire que ça ne part pas d’une administration publique d’abord — je suis plus intéressé que la population soit bénéficiaire direct que ça. Mais je n’ai jamais imaginé que j’allais me trouver dans un contexte où je vais gérer les projets pour la paix. Je n’ai pas imaginé. Même si je me suis dit une fois dans ma tête si ça arrivait, je vais pouvoir réussir mais je suis en train de le faire maintenant. Je crois que beaucoup de jeunes aussi veulent le faire.
CG : Mais votre expérience passée vous aide certainement aujourd’hui, n’est-ce pas ?
MO : Oui. Oui. Parce qu’avant d’aller même faire ça, j’ai travaillé sur les projets d’élection, pour une élection au Bénin. Je vois comment les élections, comment c’est important pour la paix parce que la prévention des conflits passe aussi par l’élection. Je prends le cas de mon pays en 2011, peu s’en fallait, à cause de l’outil qui allait servir pour une bonne élection pour une bonne élection, peu s’en fallait. Aujourd’hui tout le monde est fier d’être Béninois parce qu’au moins c’est une démocratie et la population a accepté les résultats. C’est une fierté.
CG : En parlant d’élections, justement, comment est-ce qu’on peut empêcher la violence liée aux élections ? Qu’est-ce que vous conseillez aux gens qui n’acceptent pas les résultats du scrutin ?
MO : C’est de tout faire pour qu’on y n’arrive pas, comment faire pour ne pas arriver là. C’est ça qui est plus important. Parce que la violence n’est que le résultat des frustrations, ce n’est que le résultat de ce qui est mal fait quelque part, par certains, par quelqu’un. Ce que je vois c’est, comment faire pour ne pas arriver là ? Parce que, quand ça commence… On ne sait pas en réalité comment ça… J’observe que les gens ne savent réellement pas comment ça commence. Mais on sait comment faire pour ne pas arriver là. Mais pourquoi ne pas utiliser ce qu’on sait ? Et c’est ce qu’on ne sait pas ce à quoi on veut toujours s’attaquer. Et ce qu’on sait, on parle des institutions, dans certains pays, constitution, la démocratie… tout ce qu’on sait autour de ça. On sait tout ça, là. C’est de faire ce qu’on sait pour que — pour qu’on n’y aille pas, au lieu de s’attaquer à ce qu’on ne sait pas. Tout le monde connaît la paix. Mais on ne veut pas utiliser la paix. On veut aller à la violence. C’est un état d’esprit et cet état d’esprit doit être manifesté dans tout ce qu’on fait, à tous les niveaux. Ce n’est pas une responsabilité uniquement des hommes publics , c’est une responsabilité de tout le monde, et ça part de l’éducation. Le contexte dans lequel tout homme dès qu’il est né, je parle d’homme grand ‘’H’’, le tout contexte dans lequel on lui transmet certains acquis culturels qui perdurent, qui déterminent sa vie, du début de sa vie jusqu’à la fin de sa vie, il faudrait intégrer des éléments qui le préparent, ce qui lui fait accepter la paix, qui le fait manifester la paix…
CG : Une éducation dès l’enfance…
MO : Oui, l’éducation, de façon globale.
CG : Puisqu’on parle d’éducation, qu’est-ce que vous avez appris au sein du programme Mandela Washington Fellowship. Quel impact le programme a eu sur vous ?
MO : Le programme a renforcé ce que je suis en tant que jeune. C’est comme si je me retrouve à avoir pris un engagement au vu et au su de tout le monde, devant des grands regards. Un engagement pour aller jusqu’au bout d’impacter positivement le monde. Et je dois tout faire pour le réussir. C’est comme si j’ai pris le chemin de non-retour pour impacter positivement.
CG : OK. Grande responsabilité !
MO : Grande responsabilité. Donc c’est comme tu portes une étiquette et tu dois tout faire pour la mériter, pour la conserver. Parce qu’on te cite comme exemple pour d’autres. Donc tu n’as plus le droit, tu n’as plus intérêt à faire chemin — demi-tour par un manque peut-être en faisant face à des difficultés au quoi… .
CG : Et le YALI Network, est-ce que vous pourriez nous donner un exemple d’activités auxquelles vous participez ?
MO : Je participe vraiment à des activités d’échange avec les jeunes, partage d’information, formation. La preuve est faite, quand j’ai parlé aux jeunes, je leur ai parlé de l’opportunité de YALI. La limite partagée par tous les jeunes, c’est l’anglais. Moi je leur ai dit, moi je suis né au Bénin, j’ai grandi au Bénin. Je parle l’anglais moyennement qui me permet de me faire comprendre, de comprendre les gens quand ils parlent. Je n’ai pas été dans un pays anglophone étudier l’anglais. Je leur ai dit – beaucoup d’entre eux ont actuellement là 18 ans, 20 ans. C’est 35 ans la limite de YALI. Il faudrait qu’ils saisissent cette opportunité, en pensant que le YALI va continuer, tout autre programme comme fulbright va continuer. Donc de saisir cette opportunité de renforcer leur anglais à partir de maintenant en disant d’ici deux ans, trois ans, je serai bon en anglais pour pouvoir saisir les opportunités. Et là, ça a généré un programme de formation en anglais que je donne aux jeunes avec un collègue qui s’appelle Daniel Massamba. On forme les jeunes de Gao en anglais jusqu’à aujourd’hui. On forme les jeunes.
CG : Ça vous paraît important de s’engager pour une cause ?
MO : C’est très important de s’engager. Si on s’engage un peu plus tôt, on connaît plus la valeur. Non seulement on connaît l’importance, mais aussi ça devient la vie qu’on vit. Et ça n’a plus de différence, c’est comme si on ne peut que faire que ça. Je peux dire que c’est ce que je suis en train de faire, ce que je suis en train de devenir.
CG : Quel message aimeriez-vous faire passer aux jeunes du YALI Network qui ont envie de faire bouger les choses ?
MO : Bon, je vais parler comme tout le monde, je vais leur donner du courage. Mais, je vais aussi dire, être YALI, avoir participé au programme YALI n’est pas une fin en soi. Parce que moi je comprends, c’est un programme soit qui t’améliore par rapport aux qualités de leadership que tu as, ou bien qui te donne des qualités de leadership que tu n’as pas. N’importe lequel des cas, quand tu as participé à YALI, ça ne veut pas dire que tu ne vas jamais te remettre en cause sur certaines qualités que tu n’as pas encore qui te permettent d’avoir un bon emploi ou bien qui te permettent d’avoir ce que tu veux. Ça ne veut pas dire que les gens n’ont pas…, je ne suis pas en train de dire que les gens n’ont pas ces qualités ou bien qu’ils ne font pas de leur mieux. Mais il ne faut pas se dire qu’on a déjà assez fait, qu’on ne doit pas s’améliorer. Il ne faut pas aussi se dire, bon parce que je porte l’étiquette YALI, c’est déjà suffisant pour que les gens me considèrent à tel poste ou bien à telle responsabilité.
CG : C’est à dire ? Aller sur internet… ?
MO : Oui, aller sur internet, aussi, c’est un état d’ouverture d’esprit qu’il faut plus accepter. Je parle, parce que, ce n’est pas tous les jeunes de Gao, c’est vrai. Je vais citer un exemple : l’année passée, une de mes activités qui consistait à rassembler les jeunes et à leur parler, et à renforcer leur leadership et consort, j’ai choisi un thème au moment de la période des candidatures de YALI pour les motiver à postuler au programme YALI et au même moment préparer leur esprit à être ouvert pour d’autres opportunités car ce n’est pas YALI seul qui va leur permettre d’être un leader dans leur communauté. Donc j’ai partagé mon expérience avec eux, avec des collègues. Ça ne m’a pas choqué, la réponse d’un jeune, un des jeunes leaders, qui disait oui, tout ce que j’ai dit, que c’est vrai, la jeunesse de Gao, ils n’ont pas besoin de ça, ils n’ont qu’à vivre leur vie ici et… pour dire de façon ramassée, lui, il n’est pas pour. Il y a plein de ces gens comme ça qui influencent les jeunes comme ça, pas uniquement à Gao, mais c’est partout. Et si je vais faire une autre recommandation, c’est de travailler avec les jeunes de façon à ce qu’ils aient un état d’esprit d’indépendance, d’indépendance de penser, de faire et d’agir, mais pour la bonne cause, pour la bonne cause. Heureusement après, beaucoup de jeunes sont venus vers moi, même certains sages qui ont participé à l’activité. Ils m’ont encouragé, ils m’ont dit de ne pas faire vraiment attention à ce que le jeune là, il vient de dire, qu’il ne comprend pas encore et il aura le temps de comprendre. Et ce qui a confirmé effectivement que les jeunes ont compris, une semaine après cet atelier de motivation en leadership, YALI et consort, mon téléphone sonne – il dit : « Oui, Monsieur Michel, on voudrait te voir, on voudrait que tu participes à une réunion le dimanche prochain ». Je dis : « Quelle réunion ? » Ils disent ils ont créé un club qu’ils ont appelé YALI à Gao. Donc c’est comme ça, le club est lancé et le club fonctionne jusqu’à présent.
CG : Garder un esprit ouvert et une indépendance de pensée et d’action, on va s’arrêter sur cette note positive. Merci beaucoup Michel d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Et on vous souhaite une très bonne semaine aux États-Unis.
MO : Je ne vais pas finir cet entretien sans remercier tous les gestionnaires de programme, YALI, le gouvernement américain, tous les autres jeunes, toute cette organisation qui m’a permis d’être ici, vous aussi, tous ceux qui contribuent de près et de loin au programme de YALI, tous les autres jeunes, je salue tout le monde. Je vais tenir mon engagement, je tiens mon engagement.
CG : Bonne journée à tous.
J’ai passé un très bon moment en compagnie de Michel. C’est vraiment une personne qui a beaucoup de qualités, qui comprend le sens du service public et qui sait saisir les opportunités de networking offertes par YALI.
Encore merci à Michel d’avoir passé un moment avec nous pour partager son expérience. Revenez sur YALI Voices. Écoutez nos podcasts avec des jeunes leaders africains et laissez-vous inspirer par leurs expériences.
La musique de notre générique “E – Go Happen,” est composée par Grace Jerry et produite par Presidential Precinct. Les podcasts YALI Voices sont produits par le département d’État des États-Unis dans le cadre de l’initiative YALI pour les jeunes leaders africains financée par le gouvernement des États-Unis. Merci à tous.